mercredi 27 septembre 2017

Quelques usages de la vie quotidienne

Samedi prochain, de 10h30 à 12h30, je participerai à la visite des « lieux remarquables » de la ville en compagnie d'autres collègues, pour certains accompagnés de leur famille. Organisée par le lycée, à l'adresse des nouveaux venus comme des habitués, l'opération « Brazzaville by bus » va ainsi me permettre de découvrir des endroits de la capitale que je n'ai pas encore sillonnés. Un futur article en perspective…

En attendant, voici quelques commentaires sur la vie au quotidien à Brazzaville.
Empruntant le taxi bus de temps à autre (forcément bien plus vivant et coloré que le taxi individuel, et donc plus intéressant à côtoyer), j'ai appris pourquoi la femme occupe systématiquement la place du milieu à l'avant du véhicule, lorsqu'elle s'y trouve avec un autre passager masculin.

Voulant laisser monter avant moi un jeune homme qui attendait déjà, celui-ci a décliné l'offre, m'invitant avec insistance à m'asseoir entre le chauffeur et lui-même. Pure galanterie ? Il y a au final un peu de cela car il m'a expliqué que, de cette manière, la femme est « protégée ». Protégée de qui (un éventuel agresseur extérieur) ? De quoi (un véhicule qui emboutirait le bus par la droite, la place du passager avant étant connue chez nous pour être « la place du mort »)?
Toujours est-il que c'est la coutume. Dont acte! 

Pour ce qui est des abonnements téléphone et internet par exemple, il y a également certains usages. Ceux-ci sont un peu plus contraignants pour l'internet. Ainsi faut-il renouveler le forfait chaque mois ; et donc revenir à chaque fois au même endroit pour refaire les mêmes démarches (et se montrer patiente en cas d'attente prolongée). Quand bien même le forfait mensuel n'aurait pas été épuisé, il n'existe pas de report ; la coupure sera automatique au terme des 30 jours.

Du coup, je vais collectionner les petites cartes prépayées d'accès à internet…Leur coût varie de 32 000 à 99 000 FCFA (soit de 49 à 151 euros) chez AMC, selon le débit souhaité et plus encore l'usage que l'on a d'internet au quotidien.

Ignorant encore le forfait correspondant le mieux à ma pratique journalière du web, j'ai donc d'abord opté pour l'intermédiaire, sachant que cela représentait déjà un maximum me concernant (2GB par jour). C'est pourquoi un mois plus tard, je viens d'acheter une carte d'un montant moindre (le minimum). En fait, je vais devoir un peu tâtonner avant de trouver le forfait adéquat.

Pour le téléphone, même système de cartes prépayées aux montants divers (1 000, 2 000, 5 000 FCFA). Il est très facile de s'en procurer, les vendeurs de recharges étant présents quasiment partout, particulièrement aux abords des lieux très fréquentés (ex : marchés, principaux arrêts de bus, grandes surfaces).

Autre usage très répandu au Chaillu : la livraison d'eau potable. Celle coulant du robinet, même filtrée, étant impropre à la consommation, nous possédons tous des bonbonnes (de 25 L pour la marque Mayo, de 18 L pour la Cristal).

Ces bonbonnes sont conçues pour alimenter une fontaine à eau qui permet d'obtenir instantanément de l'eau froide ou de l'eau chaude. 

Parmi les avantages offerts, celui non négligeable de ne pas avoir à « bourrer » le frigo de bouteilles d'eau de 1,5 L. Inconvénient notable : il faut soulever la bonbonne pleine (qui pèse son poids) et la renverser pour positionner le goulot à l'endroit prévu sur la fontaine… située en hauteur ! Courte séance de musculation garantie ; et bonne suée à l'arrivée !

De fait, les bouteilles d'eau que je me fais livrer en packs de 6 sont plutôt réservées à ma consommation personnelle au lycée. La chaleur étouffante nous oblige, élèves comme adultes, à boire régulièrement. La déshydratation étant l'ennemie n°1, nous sommes donc tous munis de gourdes ou de bouteilles et buvons aussi bien en classe que dans la cour. 

Petit clin d’œil à l'adresse de celles et ceux qui, immanquablement, verraient bien un bib ou cubi de rosé en lieu et place de la bonbonne à eau (certains se reconnaîtront facilement!), il faudrait en parler à nos vignerons français et/ou à ceux qui conditionnent les vins qui se dégustent frais. Après tout, si le système est possible avec de l'eau, il doit l'être aussi avec une boisson comme le rosé…




 

 
 

samedi 23 septembre 2017

Une adresse pleine de charme

Ce mercredi, après la matinée de cours (qui se termine à 13h), j'ai découvert un lieu fort agréable et sympathique, à proximité du lycée: la villa Monama (arc-en-ciel en lingala).



À la fois hôtel, bar et restaurant, le lieu est calme, verdoyant et relativement frais (un dernier détail qui a son importance quand on vit à Brazzaville). Tenu depuis 15 ans par un Français, ancien pilote d'hélicoptère sur plate-formes pétrolières ayant officié dans différents pays d'Afrique (qu'il fréquente depuis 35 ans), le bâtiment rappelle le style colonial.



Venue manger un saka-saka avec trois de mes collègues du lycée, j'ai donc découvert une adresse en même temps qu'un plat traditionnel d'Afrique centrale. Faisant confiance à mon collègue de SVT, j'ai commandé un saka-saka au bœuf, accompagné de riz (servi dans un bol à part).


Le plat, à base de feuilles de manioc pliées et d'épinards, est notamment préparé avec de la pâte d'arachide. Ayant opté pour le saka-saka au bœuf, quelques morceaux de viande se trouvaient donc dans l'assiette. C'est un plat riche et consistant, qu'au final j'ai beaucoup apprécié. Il ne faut donc surtout pas s'arrêter à son aspect, peu appétissant au premier abord !

Comptant 12 à 15 chambres, l'hôtel est sur deux étages, décoré d’œuvres d'art africain (ex : masques et statuettes). De grands arbres contribuent à donner un peu d'ombre et de fraîcheur. 



Deux bassins (dont un aux allures de petite piscine) offrent la possibilité de se prélasser sur des bains de soleil.



On y trouve également quelques animaux : le singe Michel (5 ans et pas farouche) et des perroquets appelés « gris du Gabon ».

Le petit singe doit être tenu en laisse et attaché pour éviter qu'il n'aille et ne saute partout (car il est de nature curieuse et a priori peu farouche, du moins avec certaines personnes). Au moment de la photo, Michel était en pleine dégustation ; ne voulant le déranger, je l'ai donc « immortalisé » le plus discrètement possible… 


Quant aux volatiles, enfermés dans une grande cage, ils sont 4 ou 5. Ces perroquets sont aussi connus sous le nom de Perroquets jaco.


Considérés comme les meilleurs parleurs parmi les perroquets, ils sont comme Michel de nature curieuse, sauf un qui a préféré vite se cacher dans son abri en bois, allant jusqu'à prendre soin de bien refermer l'ouverture avec son bec (comme on ferme une porte derrière soi)… Je n'ai pu m'empêcher de sourire. Cela confirme qu'ils sont également hypersensibles, et pas seulement à nos émotions ou nos humeurs !


N'ayant pas pris la peine de lire la carte du restaurant, me fiant totalement au conseil de mon collègue, j'ignore les autres plats proposés par la « maison ». Mais ayant aperçu un four qui ressemble à celui utilisé pour la cuisson des pizzas au feu de bois, il n'est pas improbable que la tarte d'origine italienne soit mentionnée sur la carte…


J'en saurai assurément davantage la prochaine fois que je viendrai. Et sans doute en verrai-je encore un peu plus car le très aimable propriétaire des lieux (Mr Georges-Charles Cellier) m'a dit qu'à partir de 16h il était possible de monter en terrasse, pour y prendre notamment des photos.


Je suis certaine que, du haut de la villa Monama, la vue vaut le coup d’œil.













 






 










mardi 19 septembre 2017

Les lumières de la ville

La nuit, le pont à haubans de Brazzaville est illuminé d'une variété de couleurs, dont celles du pays (vert, jaune et rouge). Je le savais déjà pour l'avoir lu quelque part, mais je n'avais pas encore eu l'occasion de le voir par moi-même. 
C'est au sortir du lycée en fin de semaine dernière, après une réunion achevée vers 20h, que j'ai pu découvrir et admirer pour la première fois l'alternance des couleurs de la partie supérieure du pont. Celle-ci est visible depuis l'avenue de l'OUA, entre le Commandement de la Gendarmerie nationale et le rond-point du CCF (officiellement rond-point de la République).

J'ai donc profité d'aller faire de « grandes » courses en centre-ville (plutôt le samedi) pour assister à la mise en route de tout cet éclairage, qui débute un peu avant 18h.




Pas moins de 20 000 lampes ont été installées le long des 120 haubans pour obtenir une certaine féerie ; le résultat est plutôt réussi car le pont est vraiment beau à voir. 

En revanche, il est conseillé d'utiliser un appareil photo professionnel (et non un smartphone) pour souhaiter réaliser des photos de (très) belle qualité ! Parce que la taille des capteurs photos des smartphones est très inférieure à celle d'un appareil photo, les vues de nuit sont souvent floues, et le grain parfois très visible.



Outre le pont, c'est toute la Corniche jusqu'à Mami Wata qui est éclairée. La « promenade des Brazzavillois » comme certains aiment l'appeler (en référence à la fameuse « promenade des Anglais » de la ville de Nice) attire de nombreux habitants en début de soirée ou à la nuit tombée. 



Beaucoup flânent sur les larges trottoirs, souvent en famille. Les marchands de glace ambulants semblent y faire quelques affaires. Il est également possible de monter à cheval et de faire quelques mètres, la bride tenue par « l'accompagnateur » de l'animal. 

Certains apprécient aussi de se faire photographier par un photographe « officiel » ou professionnel, lequel développera immédiatement après la ou les photos avec son matériel à portée de main, posé sur le trottoir (ordinateur, imprimante et dynamo pour alimenter les batteries!).

La tombée de la nuit est également un moment très apprécié des moustiques. Ils sont alors très actifs et agressifs car ces insectes n'aiment pas la lumière (globalement, ils adorent les couleurs contrastées et sombres, dont le noir). De fait, comme d'autres résidents du Chaillu, je suis en possession d'une raquette électrique anti-moustiques. 


Pour l'instant, je n'ai pas eu à m'en servir à l'intérieur de l'appartement; je n'ai d'ailleurs pas encore eu besoin non plus de monter la moustiquaire dans ma chambre. Non pas que ces insectes assoiffés de sang soient terrifiés par la plaque de métal décorant la porte d'entrée de ma chambre… 



En revanche, dès la porte de l'appartement franchie pour sortir, on peut avoir de quoi faire. C'est d'ailleurs aussi pourquoi beaucoup de portes, côté palier, sont « habillées » de rideaux moustiquaires.

Le palier étant ouvert, les insectes ont la voie libre ; et ils ne s'en privent pas. Il est donc possible de manier allègrement la raquette (qui rappelle la raquette de tennis) ; de là néanmoins à travailler son coup droit et smasher comme sur un court (clin d’œil à Jean-Noël !)…




 


 



 










 

samedi 16 septembre 2017

L'aide au Développement

La République du Congo reste encore un pays en développement, malgré de riches ressources naturelles comme le pétrole (dont la production représente plus de 60 % du PIB), le bois et les minerais. Le taux de pauvreté reste élevé (46%), l'indice de développement humain (IDH) se situe autour de 0,59 (sur une échelle de 0 à 1) ; cela plaçait le Congo au 139e rang mondial (sur 187 pays) en 2015.

La population compte aujourd'hui 5 millions d'habitants, dont une importante proportion de jeunes de moins de 15 ans (plus de 45 %). Il est vrai que le taux de fécondité est encore élevé (plus de 4,5 enfants par femme en 2015).

Ce sont là des chiffres, mais ils traduisent une réalité : il suffit de se promener dans Brazzaville, la ville capitale du pays, pour prendre conscience de l'importance de la jeunesse et se rendre compte des difficultés du quotidien pour une majorité d'habitants (environ 1,3 million). Le Marché Total et certains quartiers voisins suffisent d'ailleurs à en témoigner. 


Le pays doit relever de nombreux défis, notamment dans l'éducation, la santé et l'accès à l'eau potable. Car outre la mauvaise exploitation des ressources naturelles, leur mauvaise redistribution n'a pas permis les réformes structurelles et sociales nécessaires.

D'où l'importance de la présence et du rôle de l'aide internationale sur le territoire, particulièrement visible à proximité du rond-point du CCF à Brazzaville. Juste à côté de l'Institut culturel français se trouvent les locaux de deux organismes de l'ONU : l'UNICEF et le PAM.



Les murs délimitant la « parcelle » de l'UNICEF sont en partie peints de scénettes mettant en avant les bonnes pratiques liées à la santé du nourrisson et du jeune enfant : vaccination, alimentation, vitamine A, usage de la moustiquaire…





Autant de recommandations adressées aux familles (et d'abord à la mère) pour lutter contre la mortalité infantile (encore élevée avec un taux de 56,4 pour mille en 2016). Il est d'ailleurs écrit, entre chaque scène, « les gestes qui sauvent nos enfants ». Quoi de plus explicite ?



Récemment, une campagne de vaccination contre la poliomyélite a été menée ; une banderole demeurée attachée en haut du mur communique sur le sujet, l'UNICEF ayant été partenaire de l'opération avec l'OMS (Organisation mondiale de la santé). La poliomyélite est une maladie très redoutée qui persiste dans plusieurs pays africains, notamment autour du Lac Tchad. Elle est causée par un virus qui attaque surtout les membres inférieurs, les affaiblit et les paralyse pour tout le reste de la vie.

Des équipes mobiles de vaccinateurs ont donc fait du porte-à-porte chez les familles pour mettre à l'abri du polio virus tous les enfants de moins de 5 ans. L'OMS espère ainsi éradiquer la poliomyélite en Afrique d'ici 2020.


Le Programme alimentaire mondial (PAM) agit lui aussi pour améliorer la situation. Jouxtant l'UNICEF, le mur d'enceinte annonce pareillement la couleur : bilan d'actions, photos (portraits), dessins et témoignages de personnes ayant bénéficié du programme d'aide s'affichent à la vue de tous. Un moyen de communication comme un autre…




La malnutrition chronique touchant de nombreux enfants (et adultes), des rations sont ainsi distribuées, composées de riz, légumes secs, maquereau, huile végétale et sel. On apprend également que, depuis 2015, le PAM est associé au projet des cantines scolaires venant en aide aux enfants des écoles primaires situées dans les régions les plus frappées par l'insécurité alimentaire (comme le département de la Likouala, situé dans le nord du pays).


À cette occasion, j'ai appris qu'il existait des écoles non publiques dites ORA (Observer, Réfléchir, Agir) dans ce même département de la Likouala. Et c'est conjointement avec les Pères Spiritains du Congo, qui préparent les enfants autochtones à s'intégrer dans le système scolaire public, que le PAM participe à l'amélioration de l'apprentissage de ces enfants (via les rations distribuées).


Ne connaissant pas les Pères Spiritains (ou Congrégation des Pères du Saint-Esprit, fondée au début du XVIIIe siècle à l'initiative d'un jeune Breton !), renseignements pris, ce sont des prêtres ou religieux missionnaires qui travaillent pour l'annonce de l'évangile à travers le monde. Ils seraient plus de 5 000, dont 60 au Congo (mais seulement 20 à travailler sur place, selon Les Dépêches de Brazzaville du 22 août dernier).

Comme quoi, on peut apprendre beaucoup en prenant le temps de s'arrêter et lire les inscriptions sur les murs !

Le Congo bénéficie d'un Plan-Cadre des Nations Unies pour l'aide au Développement (UNDAF) débuté en 2014 et devant s'achever en 2018. Le bilan effectué à mi-parcours est tout de même encourageant : que ce soit en matière d'éducation, de santé, de nutrition et de sécurité alimentaire ou qu'il s'agisse de questions sur l'eau et l'assainissement, des réalisations ont bien été mises en œuvre.


Il y a certes encore beaucoup à faire (l'eau du robinet est impropre à la consommation), mais les choses avancent (dans l'éducation par exemple, les enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur ont été formés à l'enseignement des Technologies de l'Information et de la Communication). Mais sans doute pas (encore) assez vite au goût de nombreux habitants…