mercredi 6 décembre 2017

Artisanat local

Comme annoncé dans un article précédent, ce samedi 2 décembre était l'occasion de découvrir le marché des artisans organisé au Détachement de Coordination Militaire (DCM).


Arrivée sur les lieux vers 13h30 (il y avait exceptionnellement cours ce matin au lycée français), j'ai pu déambuler à loisir et regarder de près les différents étals. À cette heure là, il y a moins de visiteurs qu'en milieu de matinée (le marché a ouvert à 10h) ; c'est l'heure du repas et il fait très chaud !


Les exposants sont heureusement à l'abri du soleil, sous des tentes, auvents ou tonnelles ; mais pas à l'abri des moustiques et fourous qui attaquent méchamment les chevilles !




Les arbres dispensent également ombre et fraîcheur. Une artiste peintre, Judith Tonda, membre du Club des femmes artistes peintres et sculpteures (CFAPS) travaillant dans le quartier de Mayama, du côté des rapides (non loin du pont du Djoué), était confortablement installée.


Le CFAPS est une association féminine créée en 2000 et œuvrant pour la culture. Son ambition n'est pas mince: il s'agit « d'encadrer, former des milliers de jeunes Congolaises dans le domaine des arts plastiques; de promouvoir et professionnaliser les métiers des arts plastiques au Congo; de lutter contre le chômage, l’oisiveté et la prostitution; de prendre en charge la jeune fille-mère; de créer une vingtaine d’emplois sûrs et durables et de sortir les artistes peintres de leur isolement, en mettant à leur disposition des structures de formation, d’initiation et d’information » (La Semaine africaine du 25 octobre 2013). Ci-dessous une toile représentant des zèbres s'abreuvant à un point d'eau.


Parmi les œuvres exposées, des réalisations de Judith et de sa sœur, également artiste (reconnue), Florence M'Bilampassi. J'ai été particulièrement frappée par des sculptures bois figurant des personnages féminins aux poitrines très généreuses ; et des personnages masculins au ventre proéminent (le gros ventre de l'homme étant ici associé à « un coffre-fort! » : « c'est là qu'il met tout ! » selon Judith).


Pour en savoir un peu plus sur l'association et le travail des deux sœurs, je renvoie à cette vidéo.


Les exposants présents au DCM donnent à voir une très grande variété d'objets : peintures, bronzes, masques, bijoux, chapeaux, vannerie, tissus en raphia, capsules, céramique, fil de fer, reliure, maroquinerie.




Certains proposent même des antiquités parmi lesquelles des armes (ex : des « sabres » courts).

Quasiment chacun dispose de sa petite carte de visite avec son numéro de téléphone et vous invite à découvrir davantage d’œuvres ou d'objets en appelant pour convenir d'un rendez-vous.

 
M'interrogeant sur l'absence d'adresse sur la carte, on me répond que l'endroit étant très difficile à trouver, il est préférable d'appeler avant pour être guidé(e) ensuite. De toute évidence, le CFAPS est une assez grande structure pour bénéficier d'une adresse suffisamment précise pour être facile d'accès.


Évidemment, pas de marché des artisans sans des sculptures Tintin ! Je n'ai finalement pas vu « Robert Tintin » de Kinshasa (a priori absent), mais le célèbre personnage d'Hergé était bien là. Si je n'ai rien trouvé à acheter sur place, j'avais néanmoins déjà craqué pour une sculpture en début de semaine : Tintin à bord de sa Ford T, en compagnie de Milou et du petit « boy » Coco, comme sur la première de couverture du fameux album Tintin au Congo.


Cherchant depuis plusieurs semaines cette voiture en bois, j'ai donc fini par la trouver au marché artisanal du Plateau-ville. Je voulais en effet une sculpture de belle facture, soignée, esthétique et solide. Du bel ouvrage en somme…



Je suis également intéressée par une statuette de Tintin mais, pour l'heure, aucun coup de cœur. Je ne doute cependant pas de trouver un jour prochain la sculpture qui répondra à mes attentes !

En parlant de sculptures sur bois, je passe chaque jour devant un artisan fabriquant des mortiers et pilons de tailles diverses. Ces objets en bois, qui véhiculent une image traditionnelle de l'Afrique, traduisent aussi un réel talent ou savoir-faire.


Installé le long de l'avenue arborée de l'OUA que j'emprunte quotidiennement pour me rendre au lycée français, l'homme travaille seul, au pied d'un grand arbre (toujours cette recherche d'ombre et de fraîcheur!).




Régulièrement, le « chantier » est nettoyé et approvisionné en pièces de bois (troncs et branches) de la même essence que l'arbre sous lequel œuvre l'artisan. 


Les outils sont peu nombreux et assez rudimentaires mais le résultat est impressionnant. Parti d'un simple morceau de tronc brut, évidé patiemment, l'homme réalise un mortier de très belle apparence.


Concernant les prix, tous les artisans, artistes ou vendeurs vous diront qu'ils vous feront « un bon prix », ou « un prix catholique » ! Bien sûr, lorsque vous êtes mundele (blanc), la barre est d'entrée placée très haut, même s'ils vous disent aussitôt que le prix est à débattre…Le marchandage est donc de rigueur.

C'est parfois un peu usant mais c'est ainsi. Heureusement, mes nombreux séjours dans le sud marocain (à Agadir) m'ont bien formée et préparée à l'exercice. De fait, je sais aussi un peu manœuvrer pour proposer un prix « gagnant-gagnant ». Et finalement, c'est aussi tout un art ! 


2 commentaires:

  1. Ah! pour ma part, j'aurais craqué pour les statuettes de femmes!!! je les trouve géniales et le choix aurait été difficile......

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    1. Les femmes aux fortes poitrines sont absolument remarquables (au propre comme au figuré!). En même temps qu'elle m'expliquait la signification de cette générosité anatomique, Judith se désolait de n'être pas aussi bien pourvue que les statuettes! Si j'en trouve une aux dimensions respectables (je parle de la taille de la statuette, pas du tour de poitrine!), je risque de craquer aussi...

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