Comme annoncé dans un article
précédent, ce samedi 2 décembre était l'occasion de découvrir le
marché des artisans organisé au Détachement de Coordination
Militaire (DCM).
Arrivée sur les lieux vers 13h30
(il y avait exceptionnellement cours ce matin au lycée français),
j'ai pu déambuler à loisir et regarder de près les différents
étals. À cette heure là, il y a moins de visiteurs qu'en milieu de
matinée (le marché a ouvert à 10h) ; c'est l'heure du repas
et il fait très chaud !
Les exposants sont heureusement à
l'abri du soleil, sous des tentes, auvents ou tonnelles ; mais
pas à l'abri des moustiques et fourous qui attaquent méchamment les
chevilles !
Les arbres dispensent également
ombre et fraîcheur. Une artiste peintre, Judith Tonda, membre du
Club des femmes artistes peintres et sculpteures (CFAPS) travaillant
dans le quartier de Mayama, du côté des rapides (non loin du pont
du Djoué), était confortablement installée.
Le
CFAPS est une association féminine créée en 2000 et œuvrant pour
la culture. Son ambition n'est pas mince: il
s'agit «
d'encadrer,
former des milliers de jeunes Congolaises dans le domaine des arts
plastiques; de promouvoir et professionnaliser les métiers des arts
plastiques au Congo; de lutter contre le chômage, l’oisiveté et
la prostitution; de prendre en charge la jeune fille-mère; de créer
une vingtaine d’emplois sûrs et durables et de sortir les artistes
peintres de leur isolement, en mettant à leur disposition des
structures de formation, d’initiation et d’information »
(La
Semaine africaine
du 25 octobre 2013). Ci-dessous
une toile représentant des zèbres s'abreuvant à un point d'eau.
Parmi
les œuvres exposées, des réalisations de Judith
et
de sa sœur, également artiste (reconnue),
Florence
M'Bilampassi.
J'ai été particulièrement frappée par des
sculptures bois figurant
des personnages féminins aux
poitrines très généreuses ; et des
personnages masculins au
ventre proéminent
(le
gros ventre de l'homme étant ici associé à
« un
coffre-fort! » :
« c'est
là qu'il met tout ! » selon
Judith).
Pour
en savoir un peu plus sur l'association et le travail des deux sœurs,
je
renvoie à
cette vidéo.
Les exposants présents au DCM
donnent à voir une très grande variété d'objets : peintures,
bronzes, masques, bijoux, chapeaux, vannerie, tissus en raphia,
capsules, céramique, fil de fer, reliure, maroquinerie.
Certains proposent même des
antiquités parmi lesquelles des armes (ex : des « sabres »
courts).
Quasiment chacun dispose de sa
petite carte de visite avec son numéro de téléphone et vous invite
à découvrir davantage d’œuvres ou d'objets en appelant pour
convenir d'un rendez-vous.
M'interrogeant sur l'absence
d'adresse sur la carte, on me répond que l'endroit étant très
difficile à trouver, il est préférable d'appeler avant pour être
guidé(e) ensuite. De toute évidence, le CFAPS est une assez grande
structure pour bénéficier d'une adresse suffisamment précise pour
être facile d'accès.
Évidemment, pas de marché des
artisans sans des sculptures Tintin ! Je n'ai finalement pas vu
« Robert Tintin » de Kinshasa (a priori absent), mais le
célèbre personnage d'Hergé était bien là. Si je n'ai rien trouvé
à acheter sur place, j'avais néanmoins déjà craqué pour une
sculpture en début de semaine : Tintin à bord de sa Ford T, en
compagnie de Milou et du petit « boy » Coco, comme sur la
première de couverture du fameux album Tintin au Congo.
Cherchant depuis plusieurs semaines
cette voiture en bois, j'ai donc fini par la trouver au marché
artisanal du Plateau-ville. Je voulais en effet une sculpture de
belle facture, soignée, esthétique et solide. Du bel ouvrage en
somme…
Je suis également intéressée par
une statuette de Tintin mais, pour l'heure, aucun coup de cœur. Je
ne doute cependant pas de trouver un jour prochain la sculpture qui
répondra à mes attentes !
En parlant de sculptures sur bois,
je passe chaque jour devant un artisan fabriquant des mortiers et
pilons de tailles diverses. Ces objets en bois, qui véhiculent une
image traditionnelle de l'Afrique, traduisent aussi un réel talent
ou savoir-faire.
Installé le long de l'avenue
arborée de l'OUA que j'emprunte quotidiennement pour me rendre au
lycée français, l'homme travaille seul, au pied d'un grand arbre
(toujours cette recherche d'ombre et de fraîcheur!).
Régulièrement, le « chantier »
est nettoyé et approvisionné en pièces de bois (troncs et
branches) de la même essence que l'arbre sous lequel œuvre
l'artisan.
Les outils sont peu nombreux et assez rudimentaires mais
le résultat est impressionnant. Parti d'un simple morceau de tronc
brut, évidé patiemment, l'homme réalise un mortier de très belle
apparence.
Concernant les prix, tous les
artisans, artistes ou vendeurs vous diront qu'ils vous feront « un
bon prix », ou « un prix catholique » !
Bien sûr, lorsque vous êtes mundele (blanc), la barre est
d'entrée placée très haut, même s'ils vous disent aussitôt que
le prix est à débattre…Le marchandage est donc de rigueur.
C'est parfois un peu usant mais
c'est ainsi. Heureusement, mes nombreux séjours dans le sud marocain
(à Agadir) m'ont bien formée et préparée à l'exercice. De fait,
je sais aussi un peu manœuvrer pour proposer un prix
« gagnant-gagnant ». Et finalement, c'est aussi tout un
art !
Ah! pour ma part, j'aurais craqué pour les statuettes de femmes!!! je les trouve géniales et le choix aurait été difficile......
RépondreSupprimerLes femmes aux fortes poitrines sont absolument remarquables (au propre comme au figuré!). En même temps qu'elle m'expliquait la signification de cette générosité anatomique, Judith se désolait de n'être pas aussi bien pourvue que les statuettes! Si j'en trouve une aux dimensions respectables (je parle de la taille de la statuette, pas du tour de poitrine!), je risque de craquer aussi...
Supprimer