samedi 7 octobre 2017

Brazzaville by bus (part 3)

Après une courte halte en centre-ville devant la Fresque de l'Afrique que je ne détaillerai pas ici (cf « Un dimanche sur la Corniche »), le minibus nous a transportés jusqu'au Musée Galerie du Bassin du Congo, situé un peu après la gare ferroviaire.

Fondé en 2008 par le quotidien Les Dépêches de Brazzaville (présenté comme le premier groupe de presse d'Afrique centrale), le Musée se trouve dans le même bâtiment que le journal.



Empruntant un long couloir vitré pour accéder à la Galerie, l'occasion est propice à une observation attentive des constructions situées à l'arrière des locaux. Mon attention se porte alors sur un immeuble de quatre étages en piteux état et a priori abandonné. 


Il est en fait criblé d'impacts de balles et calciné en maints endroits. Le bâtiment témoigne ainsi des événements violents qui secouèrent la capitale pendant la guerre civile qui marqua le pays en 1997-1999 (conflit qui fit environ 10 000 morts).

Le Musée Galerie accueille des œuvres diverses de plusieurs pays (ex : Angola, Cameroun, République Centrafricaine, RDC) qui constituent le Bassin du Congo (deuxième plus grand bassin fluvial au monde après celui de l'Amazone).



On trouve ainsi des tableaux, esquisses et dessins ; des sculptures.



D'autres objets témoignent de cultures, croyances et rites ancestraux. Ainsi des masques, pagnes, statues, lances, couteaux, portes d'entrée de villages…






Certains de ces objets apportent même quelques précisions intéressantes sur leur propriétaire. S'agissant des lances par exemple, celles non pourvues de trou (au niveau du fer emmanché) indiquent qu'elles appartiennent à un célibataire ; un trou signifie en revanche que l'homme a une épouse (deux s'il y a deux trous sur la même « ligne »). Et si l'homme a un enfant avec une épouse, un autre trou plus petit est visible au-dessus du plus grand…


Quant aux fétiches, également très bien représentés dans les collections, on en trouve de différentes tailles. Certains parmi les plus petits semblent plus « spécialisés » ou appropriés dans la lutte contre tel mal (ex : l'infertilité).


Les plus grands (jusqu'à 1,60 m) peuvent être plus impressionnants. Si la taille y est pour beaucoup, la parure de la statue intimide aussi ! Voyez plutôt : têtes de mort, gris-gris divers, grosses chaînes et clous en pagaille. Le fétiche n'invite pas à l'accolade !


Et pourtant, contrairement aux apparences, il nous veut du bien (si si). Ce fétiche à clous (encore appelé nkisi du Kongo) est là pour nous servir. Un problème de santé, des soucis de fertilité, un conflit avec un tiers ? Il suffit d'en parler au féticheur qui, en spécialiste, activera les pouvoirs magiques de la statue. Grâce à des clous enfoncés dans le fétiche et l'incantation de formules (magiques) adaptées, votre vœu devrait finir par être exaucé. Et si cela tardait, ne pas hésiter à « enfoncer le clou », en l'occurrence revenir auprès du féticheur pour renouveler l'opération (clous et incantations).

La visite commentée du Musée Galerie s'est terminée sur le toit terrasse, en compagnie de nos hôtes (dont un artiste peintre de l'école de Poto-Poto, objet de la prochaine visite). Baignée de soleil mais exposée à une chaleur accablante, la terrasse offre une belle vue sur les alentours.  


Elle permet également de s'asseoir sur des fauteuils ou banquettes très confortables, à l'ombre; et d'admirer encore quelques œuvres picturales.


Enfin, impossible de quitter les lieux sans la lecture d'une phrase pleine de sagesse… et de bon sens !


Puisqu'il était question d'art, poursuivons jusqu'à la fameuse École de peinture de Poto-Poto, située dans l'un des quartiers les plus populaires de Brazzaville.
Si le bâtiment, qui accueille des artistes comme des élèves et expose leurs œuvres, n'a rien d'extraordinaire sur le plan architectural (une simple case-atelier), il mérite néanmoins qu'on s'y arrête.



L'édifice comprend une grande salle et une plus petite, toutes deux donnant à voir des toiles diverses. 


Certaines ornent également l'intérieur des portes d'accès.


Dans le prolongement de ces salles, un espace (non fermé) exposant d'autres œuvres, souvent de grande taille. 
Puis, tout autour du bâtiment, sous la toiture qui tombe très bas, on observe des chevalets avec ou sans toile, des petites tables de travail avec ou sans matériel de peinture ; et au pied de certaines colonnes, des palettes de peintre.




L'École de peinture (initialement atelier) de Poto-Poto a été créée en 1951 à l'initiative du Français Pierre Lods. Le but est de donner libre cours à la création artistique, en mettant à disposition des élèves papier, pinceaux, gouache…

Le mouvement, la vie, la tradition africaine et les couleurs vives caractérisent le style de Poto-Poto. Parmi les artistes réputés appartenant à cette école, citons Félix Ossali, Nicolas Ondongo et Jacques Zigoma (une de ses œuvres ci-dessous: huile sur toile sans titre datant de 1970). 


Mais de nouveaux talents émergent, comme Léticia Crolle Mahoungou.


Les œuvres d'artistes issus de l'école sont facilement identifiables, étant signées de trois P : PPP (peintre de Poto-Poto). 

2 commentaires:

  1. Je suis tombée sous le charme du Nkisi du Kongo d'une part et de l'école de peinture de Poto-Poto.
    Belle découverte de la ville une fois de plus

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    1. C'est vrai que le fétiche de grande taille interpelle! Quant à l'école de peinture de Poto-Poto, elle présente des oeuvres diverses, aux couleurs souvent chatoyantes. Certaines m'ont particulièrement plu...

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