vendredi 20 octobre 2017

Vacances

Eh oui, après deux mois déjà passés à Brazzaville, le moment est venu de faire une courte pause. Les vacances de la Toussaint débutent ce soir. Je pars dimanche matin, de très bonne heure, pour Agadir, dans le sud marocain.



Après l'Afrique centrale, l'Afrique du Nord… Du nouveau à prévoir donc, dans la rubrique « Destinations » du blog!

samedi 14 octobre 2017

Rencontre avec Yann Arthus-Bertrand à l'IFC


Mercredi soir 11 octobre 2017, l'Institut français du Congo (IFC) bousculait un peu sa programmation en accueillant le photographe et réalisateur Yann Arthus-Bertrand, célèbre depuis son livre La Terre vue du ciel (1999) devenu documentaire en 2004.



Organisée au dernier moment, le réalisateur étant arrivé quelques jours plus tôt à Brazzaville en compagnie d'une équipe de tournage pour les besoins de son prochain film Woman (sortie prévue en 2019), cette rencontre a été l'occasion de découvrir d'abord un documentaire inédit intitulé Le Congo vu du ciel ; puis le long-métrage Human (sorti en 2015). Personnellement, je n'avais jamais vu ce dernier opus (diffusé sur France 2 fin septembre 2015).


Travaillant en collaboration avec la réalisatrice Anastasia Mikova (également présente ce soir-là), Yann Arthus-Bertrand a voulu dresser un portrait de l'humanité. 

À partir d'une centaine de témoignages de personnes originaires du monde entier, interrogées notamment sur l'amour et le sens de la vie, il rend compte de la beauté de la vie, comme de la cruauté de nos sociétés.



Accompagnés de paysages toujours époustouflants (il est vrai que vus du ciel, les paysages sont magnifiques), ces extraits d'interviews peuvent être parfois poignants ou drôles ! Dans tous les cas, aucun ne laisse indifférent… 

Le film étant libre de droits, il est possible de le voir et/ou de le télécharger sur internet à l'adresse suivante http://www.human-themovie.org/fr/
 
Au final, une soirée très enrichissante qui invite à poursuivre la réflexion sur notre monde moderne. 

À noter en guise d'introduction à la soirée (et comme un clin d’œil au prochain film de Yann Arthus-Bertrand), une prestation musicale très rythmée et physique d'un groupe de jeunes femmes. Jugez plutôt!


Le son des tam-tams peut très vite être entêtant… Mais ça change du biniou ou de la cornemuse !

 

 



mardi 10 octobre 2017

Brazzaville by bus (part 4)

Suite et fin de ce « Brazzaville tour » avec le monument religieux le plus emblématique de la capitale : la basilique Sainte-Anne-du-Congo, située au cœur du quartier très populaire de Poto-Poto. Un édifice assez étonnant.




Construite dans les années 1940 par l'architecte français Roger Erell (déjà mentionné au sujet du « phare de Brazza », à proximité de la Case de Gaulle), la basilique est l'une des attractions de la ville. L'ayant visitée un samedi matin, je n'ai cependant pas été surprise de la trouver décorée pour les besoins d'un ou plusieurs mariages !



Dès l'entrée, le ton est donné. La double porte en bois, grande ouverte, est massive et ornée de scénettes de la vie de Jésus. Les sculptures sont en cuivre. Les autres portes de l'édifice donnant accès sur l'extérieur sont de même facture et pareillement illustrées.



L'architecture intérieure est pour le moins surprenante. En s'engageant dans l'allée centrale de la nef, on remarque au-dessus de la tête une sorte d'avancée, un peu à l'image d'une proue de navire, surplombant l'entrée de l'église.



Sur cette éminence, des bancs alignés, un micro et un pupitre bien visibles. Il est permis de penser que cet espace en surplomb accueille une chorale.


En s'enfonçant dans la nef pour rejoindre le transept et le chœur, on apprécie aussitôt la hauteur sous voûte (pas moins de 22 m).



Les arcs brisés en ogives sont là pour rappeler la forme des « cases obus » (en pisé) du Sud du Tchad et du Cameroun ; « l'âme africaine » est donc bien présente dans cette construction.



Arrivée au pied des marches conduisant à l'autel, je m'arrête un instant auprès de ces deux fauteuils enrubannés aux couleurs rose et blanc. De nombreux ballons suspendus et accrochés un peu partout dans la basilique égayent un peu plus encore les lieux.


Posées sur une petite estrade elle aussi recouverte d'étoffe aux mêmes couleurs, les deux assises font face à un prie-Dieu drapé de blanc et fleuri. Les mariés devaient avoir fière allure dans ce décorum (que d'aucuns pourraient trouver un peu kitsch) !


Enfin, juste derrière l'autel, sous la grande croix de Jésus crucifié, une dernière curiosité : comme une porte en cuivre en forme de « case obus ». Ceinte d'une petite barrière et d'un portillon, elle donne à voir plusieurs symboles chrétiens ; et veut rappeler que le Christ (à moins que ce ne soit Dieu le père) est l'alpha et l'oméga, soit le début et la fin de toute chose.



À noter dans un petit coin, posée à même le sol, une maquette de la basilique ; et un système certes peu conventionnel mais plutôt ingénieux pour, sans doute, se laver les mains (à la fin de l'office?).


Avec son clocher culminant à 85 m (construit en 2010-2011), la basilique Sainte-Anne est l'un des monuments les plus élevés de Brazzaville (avec la tour Nabemba ci-dessous, inaugurée en 1986 et atteignant 106 m de haut).



Malgré les vicissitudes de la guerre civile en 1997, laquelle frappa directement l'édifice (touché par plusieurs tirs d'obus), l'église a retrouvé toute sa superbe. Son toit, couvert de tuiles vertes vernissées, est facilement reconnaissable et repérable, le monument étant situé sur un promontoire.




La basilique Sainte-Anne-du-Congo doit son nom à la basilique Sainte-Anne-d'Auray, en Bretagne, la région natale du père Nicolas Moysan, qui officia à Brazzaville de 1943 à 1967 et qui lui donna ce nom. Encore la Bretagne à l'honneur !
Les abords immédiats de l'édifice religieux sont assez plaisants. On remarque notamment des papayers, avec des fruits de taille parfois impressionnante !



 
Un grand merci à Marie-Madeleine (Brazzavilloise) et Agnès (directrice de l'école du lycée français Saint-Exupéry) pour cette visite très bon enfant et instructive de hauts lieux de la capitale congolaise.



 

samedi 7 octobre 2017

Brazzaville by bus (part 3)

Après une courte halte en centre-ville devant la Fresque de l'Afrique que je ne détaillerai pas ici (cf « Un dimanche sur la Corniche »), le minibus nous a transportés jusqu'au Musée Galerie du Bassin du Congo, situé un peu après la gare ferroviaire.

Fondé en 2008 par le quotidien Les Dépêches de Brazzaville (présenté comme le premier groupe de presse d'Afrique centrale), le Musée se trouve dans le même bâtiment que le journal.



Empruntant un long couloir vitré pour accéder à la Galerie, l'occasion est propice à une observation attentive des constructions situées à l'arrière des locaux. Mon attention se porte alors sur un immeuble de quatre étages en piteux état et a priori abandonné. 


Il est en fait criblé d'impacts de balles et calciné en maints endroits. Le bâtiment témoigne ainsi des événements violents qui secouèrent la capitale pendant la guerre civile qui marqua le pays en 1997-1999 (conflit qui fit environ 10 000 morts).

Le Musée Galerie accueille des œuvres diverses de plusieurs pays (ex : Angola, Cameroun, République Centrafricaine, RDC) qui constituent le Bassin du Congo (deuxième plus grand bassin fluvial au monde après celui de l'Amazone).



On trouve ainsi des tableaux, esquisses et dessins ; des sculptures.



D'autres objets témoignent de cultures, croyances et rites ancestraux. Ainsi des masques, pagnes, statues, lances, couteaux, portes d'entrée de villages…






Certains de ces objets apportent même quelques précisions intéressantes sur leur propriétaire. S'agissant des lances par exemple, celles non pourvues de trou (au niveau du fer emmanché) indiquent qu'elles appartiennent à un célibataire ; un trou signifie en revanche que l'homme a une épouse (deux s'il y a deux trous sur la même « ligne »). Et si l'homme a un enfant avec une épouse, un autre trou plus petit est visible au-dessus du plus grand…


Quant aux fétiches, également très bien représentés dans les collections, on en trouve de différentes tailles. Certains parmi les plus petits semblent plus « spécialisés » ou appropriés dans la lutte contre tel mal (ex : l'infertilité).


Les plus grands (jusqu'à 1,60 m) peuvent être plus impressionnants. Si la taille y est pour beaucoup, la parure de la statue intimide aussi ! Voyez plutôt : têtes de mort, gris-gris divers, grosses chaînes et clous en pagaille. Le fétiche n'invite pas à l'accolade !


Et pourtant, contrairement aux apparences, il nous veut du bien (si si). Ce fétiche à clous (encore appelé nkisi du Kongo) est là pour nous servir. Un problème de santé, des soucis de fertilité, un conflit avec un tiers ? Il suffit d'en parler au féticheur qui, en spécialiste, activera les pouvoirs magiques de la statue. Grâce à des clous enfoncés dans le fétiche et l'incantation de formules (magiques) adaptées, votre vœu devrait finir par être exaucé. Et si cela tardait, ne pas hésiter à « enfoncer le clou », en l'occurrence revenir auprès du féticheur pour renouveler l'opération (clous et incantations).

La visite commentée du Musée Galerie s'est terminée sur le toit terrasse, en compagnie de nos hôtes (dont un artiste peintre de l'école de Poto-Poto, objet de la prochaine visite). Baignée de soleil mais exposée à une chaleur accablante, la terrasse offre une belle vue sur les alentours.  


Elle permet également de s'asseoir sur des fauteuils ou banquettes très confortables, à l'ombre; et d'admirer encore quelques œuvres picturales.


Enfin, impossible de quitter les lieux sans la lecture d'une phrase pleine de sagesse… et de bon sens !


Puisqu'il était question d'art, poursuivons jusqu'à la fameuse École de peinture de Poto-Poto, située dans l'un des quartiers les plus populaires de Brazzaville.
Si le bâtiment, qui accueille des artistes comme des élèves et expose leurs œuvres, n'a rien d'extraordinaire sur le plan architectural (une simple case-atelier), il mérite néanmoins qu'on s'y arrête.



L'édifice comprend une grande salle et une plus petite, toutes deux donnant à voir des toiles diverses. 


Certaines ornent également l'intérieur des portes d'accès.


Dans le prolongement de ces salles, un espace (non fermé) exposant d'autres œuvres, souvent de grande taille. 
Puis, tout autour du bâtiment, sous la toiture qui tombe très bas, on observe des chevalets avec ou sans toile, des petites tables de travail avec ou sans matériel de peinture ; et au pied de certaines colonnes, des palettes de peintre.




L'École de peinture (initialement atelier) de Poto-Poto a été créée en 1951 à l'initiative du Français Pierre Lods. Le but est de donner libre cours à la création artistique, en mettant à disposition des élèves papier, pinceaux, gouache…

Le mouvement, la vie, la tradition africaine et les couleurs vives caractérisent le style de Poto-Poto. Parmi les artistes réputés appartenant à cette école, citons Félix Ossali, Nicolas Ondongo et Jacques Zigoma (une de ses œuvres ci-dessous: huile sur toile sans titre datant de 1970). 


Mais de nouveaux talents émergent, comme Léticia Crolle Mahoungou.


Les œuvres d'artistes issus de l'école sont facilement identifiables, étant signées de trois P : PPP (peintre de Poto-Poto).