jeudi 12 septembre 2019

Une école très spéciale à Brazzaville


Ce mercredi après-midi 11 septembre 2019 a été l'occasion de découvrir et visiter une école « spéciale » à Brazzaville : l'École Spéciale « Dix-Maisons » fondée en 1975 par Sœur Marguerite Tiberghien, Fille de la Charité. Destiné aux enfants souffrant de handicaps divers (physiques, moteurs, mentaux), malades ou en retard scolaire, l'établissement cible en priorité l'alphabétisation, la re-scolarisation et l'apprentissage professionnel. Cette école vit essentiellement de dons.





Nous étions une vingtaine de collègues du lycée français Saint-Exupéry partis à 14h30 en minibus flambant neuf (exceptionnel ici tant les véhicules de toutes sortes portent les stigmates d'une conduite inappropriée) ; direction l'aéroport puis avenue Maya-Maya jusqu'au rond-point de Moungali. L'École Spéciale est située juste après, sur la gauche, côté aéroport.



Sous une chaleur étouffante, nous avons passé 1h30 en compagnie de Cyprien, un jeune français Volontaire International travaillant à l'École Spéciale depuis février dernier. C'est lui qui nous a guidés dans l'enceinte de cet établissement vide d'élèves jusqu'au 1er octobre prochain, date de reprise des cours pour les élèves des écoles congolaises.


Le site Dix-Maisons n'est pas très grand mais accueille pourtant 1000 élèves. Il est vrai que cette école est gratuite ; seules les familles ayant un peu de moyens sont invitées à contribuer à hauteur de 5000 francs CFA pour l'année (soit environ 7,50 euros). Le succès est tel que la direction doit refuser du monde…



Les bâtiments sont nombreux. Les deux plus grands, de forme rectangulaire, abritent des ateliers (8 au total) et des salles de classes. L'un d'eux comporte un étage aménagé l'année dernière.



Ces deux longues bâtisses encadrent une sorte de cour intérieure contenant quelques édifices circulaires, comme des paillotes. Le pourtour de chacune d'elle présente des motifs ou peintures diverses (mammifères, oiseaux, panneaux de signalisation…) ; la partie supérieure donne à lire des proverbes ou phrases qui incitent à la réflexion.




En fait, toutes les bâtiments invitent à la lecture (et méditation) car les inscriptions sont omniprésentes sur les murs ou façades : locaux administratifs, simples abris…




Nous avons débuté la visite par les ateliers couture, menuiserie, soudure et vannerie. Les pièces ainsi que le matériel ou l'équipement sont certes modestes mais ces ateliers de formation professionnelle remplissent leur rôle : initier les grands enfants (car de jeunes adultes y sont scolarisés) à un ou plusieurs métiers pour une insertion plus facile dans la société.





L'espace consacré au maraîchage a quant à lui un peu triste mine en cette période, faute notamment d'avoir été entretenu depuis plusieurs semaines voire des mois. Les plants de tomates par exemple sont bons à jeter ; même si quelques rares tomates cerises sont encore visibles. Les deux bananiers souffrent également. Seul le manioc (dont les feuilles seront utilisées pour le saka-saka) semble tirer son épingle du jeu…





L'aire de jeu à proximité paraît en revanche bien petite pour accueillir 1000 élèves. Il est vrai que l'école a perdu des terrains, au profit de l'aéroport et d'un député notamment…



La bibliothèque offre malgré tout un peu d'évasion avec des ouvrages peu nombreux mais assurément indispensables pour des enfants en (re)construction et souvent démunis. Dans un rayon, des livres de la mythique bibliothèque rose me renvoient bien des années en arrière !



Les salles de classes sont bien poussiéreuses, n'ayant pas encore été nettoyées. De nombreux tableaux noirs (ou verts) affichent encore les dessins des enfants avant de partir en vacances. Même des tableaux dans les ateliers ont conservé les conseils ou exercices à l'attention des élèves.




Dans l'enceinte de l'établissement, il est également important que les usagers de l'école respectent celle-ci. On observe ainsi de nombreuses pancartes rappelant aux élèves la nécessité de garder les lieux propres en faisant usage des poubelles ; et de ne pas porter atteinte aux plantes.


 
Nous terminons notre visite par un passage dans le hall d'exposition (ou boutique) qui abrite les différents objets créés sur place et proposés à la vente (ex : barbecues, chaises, fauteuils, meubles, vêtements, lampes, colliers). C'est là un bon moyen d'aider l'école en achetant ses produits… Et ceux-ci sont très divers pour des prix très raisonnables.






Aujourd'hui, l'École Spéciale compte deux annexes, situées dans les quartiers de Mikalou et Talangaï. Accueillant ceux qui ne peuvent suivre leur éducation dans le système scolaire public « classique », elle représente un total d'environ 1800 élèves répartis dans 48 classes. Grâce à elle, plus de 20 000 Congolais sont sortis de l'illettrisme.

Une École Spéciale à soutenir donc…

 
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