Ce mercredi après-midi 11 septembre
2019 a été l'occasion de découvrir et visiter une école
« spéciale » à Brazzaville : l'École
Spéciale « Dix-Maisons » fondée en 1975 par Sœur
Marguerite Tiberghien, Fille de la Charité. Destiné aux enfants
souffrant de handicaps divers (physiques, moteurs, mentaux), malades
ou en retard scolaire, l'établissement cible en priorité
l'alphabétisation, la re-scolarisation et l'apprentissage
professionnel. Cette école vit essentiellement de dons.
Nous étions une vingtaine de
collègues du lycée français Saint-Exupéry partis à 14h30 en
minibus flambant neuf (exceptionnel ici tant les véhicules de toutes
sortes portent les stigmates d'une conduite inappropriée) ;
direction l'aéroport puis avenue Maya-Maya jusqu'au rond-point de
Moungali. L'École Spéciale
est située juste après, sur la gauche, côté aéroport.
Sous une chaleur étouffante, nous
avons passé 1h30 en compagnie de Cyprien, un jeune français
Volontaire International travaillant à l'École
Spéciale depuis février dernier. C'est lui qui nous a guidés dans
l'enceinte de cet établissement vide d'élèves jusqu'au 1er
octobre prochain, date de reprise des cours pour les élèves des
écoles congolaises.
Le site Dix-Maisons n'est pas très
grand mais accueille pourtant 1000 élèves. Il est vrai que cette
école est gratuite ; seules les familles ayant un peu de moyens
sont invitées à contribuer à hauteur de 5000 francs CFA pour
l'année (soit environ 7,50 euros). Le succès est tel que la
direction doit refuser du monde…
Les bâtiments sont nombreux. Les
deux plus grands, de forme rectangulaire, abritent des ateliers (8 au
total) et des salles de classes. L'un d'eux comporte un étage
aménagé l'année dernière.
Ces deux longues bâtisses encadrent
une sorte de cour intérieure contenant quelques édifices
circulaires, comme des paillotes. Le pourtour de chacune d'elle
présente des motifs ou peintures diverses (mammifères, oiseaux,
panneaux de signalisation…) ; la partie supérieure donne à
lire des proverbes ou phrases qui incitent à la réflexion.
En fait, toutes les bâtiments
invitent à la lecture (et méditation) car les inscriptions sont
omniprésentes sur les murs ou façades : locaux administratifs,
simples abris…
Nous avons débuté la visite par
les ateliers couture, menuiserie, soudure et vannerie. Les pièces
ainsi que le matériel ou l'équipement sont certes modestes mais ces
ateliers de formation professionnelle remplissent leur rôle :
initier les grands enfants (car de jeunes adultes y sont scolarisés)
à un ou plusieurs métiers pour une insertion plus facile dans la
société.
L'espace consacré au maraîchage a
quant à lui un peu triste mine en cette période, faute notamment
d'avoir été entretenu depuis plusieurs semaines voire des mois. Les
plants de tomates par exemple sont bons à jeter ; même si
quelques rares tomates cerises sont encore visibles. Les deux
bananiers souffrent également. Seul le manioc (dont les feuilles seront utilisées pour le saka-saka) semble tirer son
épingle du jeu…
L'aire de jeu à proximité
paraît en revanche bien petite pour accueillir 1000 élèves. Il est
vrai que l'école a perdu des terrains, au profit de l'aéroport et
d'un député notamment…
La bibliothèque offre malgré tout
un peu d'évasion avec des ouvrages peu nombreux mais assurément
indispensables pour des enfants en (re)construction et souvent
démunis. Dans un rayon, des livres de la mythique bibliothèque rose
me renvoient bien des années en arrière !
Les salles de classes sont bien
poussiéreuses, n'ayant pas encore été nettoyées. De nombreux
tableaux noirs (ou verts) affichent encore les dessins des enfants avant de
partir en vacances. Même des tableaux dans les ateliers ont conservé
les conseils ou exercices à l'attention des élèves.
Dans l'enceinte de l'établissement,
il est également important que les usagers de l'école respectent
celle-ci. On observe ainsi de nombreuses pancartes rappelant aux
élèves la nécessité de garder les lieux propres en faisant usage
des poubelles ; et de ne pas porter atteinte aux plantes.
Nous terminons notre visite par un
passage dans le hall d'exposition (ou boutique) qui abrite les
différents objets créés sur place et proposés à la vente (ex :
barbecues, chaises, fauteuils, meubles, vêtements, lampes,
colliers). C'est là un bon moyen d'aider l'école en achetant ses
produits… Et ceux-ci sont très divers pour des prix très
raisonnables.
Aujourd'hui, l'École
Spéciale compte deux annexes, situées dans les quartiers de Mikalou
et Talangaï. Accueillant ceux qui ne peuvent suivre leur éducation
dans le système scolaire public « classique », elle
représente un total d'environ 1800 élèves répartis dans 48
classes. Grâce à elle, plus de 20 000 Congolais sont sortis de
l'illettrisme.
Une École
Spéciale à soutenir donc…
D'autres photos à découvrir ici.